DU BON USAGE DES TERMES
Vous n'êtes pas habitué à
entendre parler d'incertitude orale,
mais vous connaissez depuis toujours les termes
"bégaiement", "bégayer" et "bègue".
Ceux-ci évoquent rien qu'à les entendre une
discontinuité sonore
et non pas le problème vécu par les
personnes que l'on range sous le vocable "bègue", et qui
refusent souvent de s'y reconnaître en raison de sa connotation humiliante
(les "histoires de bègues"),
mais sans pouvoir préciser exactement de quoi elles souffrent
faute de vocabulaire approprié. Dans les autres langues, les mots
correspondants sont de véritables
allitérations de blocages et de répétitions : l'anglais "stuttering",
l'allemand "Stottern",
l'italien "balbuzie", l'espagnol "tartamudez",
le portugais "gago", l'arabe "tsemtsem" ou "taa
taa" (en calligraphie latine) et ainsi de suite.
Si le
terme
"Bégaiement"
est utilisé
dans le sigle
I.E.B.,
c'est qu'il reste plus évocateur malgré son insuffisance, puisque c'est celui qui est
traditionnellement en usage. Vous n'auriez
pas cherché dans internet "incertitude"
ou "risque". Il était donc plus
judicieux de se servir ce cette accroche connue.
"Bégaiement"
désigne ce que l'entourage entend parfois quand une personne
incertaine orale s'exprime,
comme le rougissement du visage n'est que la manifestation visible intermittente que laisse
paraître une personne timide.
Les gens qui ne sont pas concernés par l'incertitude orale s'imaginent que le problème
de ceux qu'ils appellent les "bègues"
se réduit à la caricature extérieure qu'ils entendent sur le
moment et qu'ils ont toujours désignée sans le définir par le terme
"bégaiement". Les spécialistes médicaux
et paramédicaux du son (racine
"phon" en grec)
lui ajoutent, après avoir
effectué dans leur cabinet un mystérieux
"bilan", des
qualificatifs bizarres comme "tonique", "clonique", "sévère",
"profond" ou, à l'inverse, "léger", qui ne définissent rien de plus. Et pour
désigner les professions de ces spécialistes, la langue grecque,
omniprésente dans le domaine médical, a donné naissance entre autres aux
mots "orthophoniste"
("celui qui rend le son droit") et
"phoniatre"
("le médecin du son").
Nous avons de même
"pédiatre" :
"le médecin de
l'enfance",
"psychiatre" :
"le
médecin de l'esprit",
gériatre :
"le médecin de la vieillesse",
etc..
Quelqu'un qui est en train de faire une intervention sonore moins
fluide que les autres personnes, un peu entrechoquée et
surtout avec des répétitions, a
toujours été appelé par celles-ci un "bègue" (ou l'équivalent
dans les autres langues). Et l'on précise traditionnellement,
toujours sans rien définir, qu'il "bégaie" surtout "quand
il s'énerve" ou "s'il est fatigué", alors que la même personne est jugée tout-à-fait
"normale" si au moment où on l'entend, elle a un débit fluide, ceci ne
signifiant pas nécessairement qu'elle est en train de dire ce qu'elle
veut (cf ci-dessous
"L'iceberg").
Il n'y a donc aucune raison objective d'attribuer le nom de "bègue" à
quelqu'un qui, ne serait-ce que quand il se tait, n'est pas tout le
temps en train d'avoir une élocution achoppée, pas plus qu'il n'y a lieu
d'appeler un timide un "peau-rouge" sous prétexte que la peau
de son visage peut parfois rougir !
C'est pourquoi, conscients de l'aspect caricatural du terme, et comme par souci de réhabilitation, les incertains
oraux ou leur entourage en parlant d'eux disent souvent :
"ce n'est
pas tout le temps" et même
"ce n'est pas
vraiment du bégaiement" ! sans préciser de quoi il
s'agit exactement ni ce qui arrive tout le temps aux autres, ceux qui
ont plus de problèmes.
LE MECANISME DE L'INCERTITUDE ORALE
L'expression
"INCERTITUDE
ORALE"
n'est
pas un euphémisme comme ceux utilisés aujourd'hui ("non-voyant" au lieu
d'"aveugle", par exemple).
Elle définit exactement le fond d'un
problème dont seule la caricature extérieure avait été évoquée jusqu'à
présent tant par le grand public que par le milieu médical, sous
le nom de "bégaiement" et ses dérivés "bégayer" et "bègue".
PAS DE PROBLEMES EN
PARLANT SEUL CONSCIEMMENT
Si vous êtes incertain oral, vous
n'avez aucun problème de cordes vocales ou de prononciation puisque si vous savez
(ou si vous croyez) que personne ne vous écoute,
vous pouvez dire tout ce que vous voulez.
Et de même qu'un timide n'a aucune raison, malgré les apparences, de
s'adresser à un dermatologue parce que la peau de son visage rougit parfois
sous le coup d'une émotion, vous n'avez pas
plus de raisons de
vous adresser aux phoniatres ou aux orthophonistes, spécialistes du son
et des pathologies de la voix. Et si,
comme la quasi-totalité des
personnes, jeunes et moins jeunes, qui s'adressent à l'I.E.B.,
vous avez déjà fréquenté en vain
pendant des années les cabinets orthophoniques, vous
avez déjà pu constater que votre problème ne relevait pas de
leur compétence. Quand à la branche
"psy", vers laquelle on se tourne généralement en
second lieu, et qui a tout de même le mérite de
ne pas considérer ce qu'elle appelle, elle aussi, le "bégaiement"
comme un problème
mécanique, elle se borne souvent à vouloir remonter le temps et à
culpabiliser les parents des jeunes concernés, allant parfois
jusqu'à leur proposer à eux-mêmes de suivre une "thérapie" (comme nous
l'apprennent certains parents) !
LA PRESENCE D'AUDITOIRE
Le
problème de l'incertain oral ne réside
donc pas dans ce que les autres peuvent entendre
de temps en temps, mais dans la façon dont il ressent les circonstances
dans lesquelles il va prendre la parole. Si vous êtes incertain oral,
contrairement aux personnes non concernées par le problème, vous ne
disposez
pas de l'élocution
"automatique" :
Dès que vous avez conscience qu'on vous écoute, ou
simplement qu'on vous entend, vous êtes soumis à
un ensemble de critères qui peuvent vous faire sentir de manière
intermittente que vous risquez de ne pas pouvoir
dire exactement ce
que vous souhaitez. Dans chaque intervention, on peut
distinguer les critères d'ordre :
- discursif : forme, contenu et raison d'être
de l'intervention (conversation banale, animée, intime,
exposé, récit, question, réponse, argumentation, réclamation,
blague, dispute, etc.) ;
- relationnel
: qualité, importance, âge,
nombre et degré de connaissance des interlocuteurs ;
- géo-temporel
: lieu et moment de
l'intervention (visuelle ou téléphonique) ;
- physico-psychologique : dispositions générales
au moment de l'intervention (santé, euphorie, soucis,
perspectives diverses ...).
La résultante instantanée de ces critères
peut exercer sur
vous une pression, une sensation de déstabilisation
et/ou d'implication engendrant celle d'obligation
de dire exactement ce que vous vouliez et capable par le fait
même de vous empêcher de
le faire. Plus précisément, la sensation d'obligation vous
fait prévoir
que vous risquez de rester bloqué au moment de dire
une
syllabe commençant ou faisant partie d'un mot
qui, dans votre intervention, vous semble davantage
attendu par les interlocuteurs ("angoisse syllabique"). Il
peut s'agir du mot
qui rompt le silence ou de celui qui donne le plus de
sens à votre phrase (un complément d'objet direct par
exemple), mais cela peut être n'importe quel autre dès
que vous contractez intérieurement l'obligation de le
faire entendre à votre auditeur. Que le risque de rester bloqué se réalise ou
soit contourné, c'est-à-dire que les autres remarquent quelque chose ou non en termes de non-fluidité,
vous êtes dans les deux cas
incapable
de dire exactement ce que vous voulez, et tout le
problème est là. Et ce sont uniquement les moments où le risque se réalise - blocages assortis de répétitions multiples
des syllabes précédentes - qui ont été appelés
depuis toujours et sans aucune définition précise "bégaiement".
LES
DIVERSES MANIFESTATIONS SONORES DE L'INCERTITUDE ORALE
L'issue d'une angoisse syllabique peut donc être de deux
types : soit la réalisation du risque de
blocage, soit son contournement par des
modifications non spectaculaires de la phrase passant la plupart du
temps
inaperçues pour l'auditeur. Dans les deux cas, vous êtes victime de l'incertitude
orale.
Voici ce que cela peut donner dans la
pratique :
Dans le premier cas, vous
restez bloqué sur une
syllabe (la première ou une autre) du mot ressenti comme chargé
d'obligation. La syllabe bloquante peut faire l'objet d'efforts
plus ou moins visibles pour l'articuler : aussi bien l'expression du
visage que des mouvements variés de la tête et même de tout le corps,
car l'ensemble du système musculaire vient à la rescousse pour tenter de
faire sortir la syllabe en question. Ceci passe aux yeux d'un
interlocuteur visuel qui ignore le problème, pour des grimaces ou des
tics, et, quand cet interlocuteur est orthophoniste ou phoniatre,
ce phénomène spectaculaire fait dire à ces hellénophones
(en grec "qui parle grec")
tout autant extérieurs au problème de l'incertitude
orale que l'homme de la rue mais compétents dans les
problèmes de son, que vous avez des "syncinésies"
("mouvements associés") alors que
vous n'êtes pas en train de faire autre chose que ce que
fait un sportif dont l'effort se lit sur le visage. Ils
disent aussi que vous avez "un bégaiement tonique"
! En outre, vous utilisez souvent, selon la place qu'occupe ce mot, des
subterfuges sonores décelables par l'entourage : allongement marqué
ou répétition multiple de la syllabe précédente. Là, et seulement
si la longueur de la syllabe ou le nombre de ses répétitions commence à
se remarquer, les spécialistes du son qualifient sans plus
d'explications votre problème de "clonique" (ils ne vous voient pas quand, la minute d'après,
dans une circonstance non défavorable, vous êtes en
train de parler comme tout le monde...).
Dans le second cas,
on ne dit plus rien de spécial à votre sujet puisque
vous vous
exprimez sans accroc, mais
en disant autre chose que ce que
vous vouliez : périphrases (ex : "oui allô" ou simplement "oui" au lieu de "allô", ou
modification complète de la phrase), allongement ou répétition non
caricatural de l'article, de la préposition ou de la
conjonction précédant un mot chargé d'obligation, ajout cyclique de termes ou
expressions comme "euh", "enfin",
"et", "c'est", "j'veux dire", "quoi",
"comment", accélération du débit au risque d'être incompréhensible et
que l'on vous demande de répéter; suppression de mots
ou absence d'intervention.
Schéma de l'"iceberg" :
Prenons un exemple
très concret : Dans une brasserie, vous voulez commander :
"Un café s'il
vous plaît" avec comme hypothèse une anticipation de blocage
sur la première syllabe du mot chargé de sens "café".
La panoplie des possibilités peut être représentée schématiquement sous
la forme d'un iceberg, dont la partie émergée
A
correspond aux manifestations sonores caricaturales que les gens
entendent, (phoniatres et orthophonistes y compris) et appellent
sans définition "bégaiement", et la partie immergée
B
à tous les moyens de contournement du blocage anticipé passant
inaperçus, donc le vécu caché, c'est-à-dire
l'aspect le plus important du problème.
A : modifications assez marquées pour correspondre à ce que les
gens
appellent "bégaiement".
B : modifications ne correspondant pas à ce que les gens appelle
"bégaiement".
IMAGE DONNEE ET
CONSEQUENCES DANS LA VIE COURANTE
Dans la partie émergée de l'iceberg, celle où l'on dit
que vous êtes "bègue", vous pouvez provoquer, selon que
l'entourage vous connaît ou non,
la moquerie, la pitié, même bienveillante, ou l'agacement (les gens
n'ont pas forcément un temps illimité à vous accorder, ex. au
téléphone). Dans sa partie immergée, vous êtes considéré, selon
la circonstance, comme quelqu'un de confus, qui ne va pas droit
au but, qui ne sait pas bien ce qu'il veut, qui n'a pas appris
sa leçon, qui ne maîtrise pas son sujet d'exposé ou son thème de
réunion, qui n'est pas poli, qui n'a pas beaucoup d'instruction,
de conversation ou d'assurance (notamment envers les personnes
de l'autre sexe), qui est timide ou qui s'ennuie,
bref vous donnez de vous-même une image tronquée qui ne
reflète pas ce que vous êtes vraiment et ce que vous
seriez capable de faire en l'absence d'incertitude orale.
Les conséquences pratiques dans votre vie peuvent être très diverses,
dépendant de la façon dont vous parvenez à donner le change à
l'extérieur et de celle dont vous vivez cette situation de risque :
l'incertitude orale peut vous faire arrêter vos études par crainte des
exposés, des examens oraux et même des simples conversations avec les
camarades, vous empêcher d'exercer la profession que vous souhaitiez,
d'avoir la vie relationnelle et privée que vous désiriez, ou vous faire
ressentir des limites de toutes sortes dans votre épanouissement,
comme en témoignent les innombrables exemples de nos
anciens stagiaires. |
QUESTIONS
TRADITIONNELLES DE "CULTURE
GENERALE"
Ces questions ne présentent
guère d'intérêt
pratique puisque ni les réponses qu'on peut tenter
d'y apporter, ni la situation dans laquelle vous vous
trouvez vous-même ne changent quelque chose à l'enseignement de l'élocution
correcte dispensé par l'I.E.B. dont c'est le seul but. Néanmoins, puisqu'elles
sont très souvent posées, voici pour les plus fréquentes quelques
éléments de réponse exclusivement basés sur notre expérience des
stages.:
Origine et hérédité
Les personnes qui viennent dans les stages depuis 1985 nous disent dans
leur grande majorité qu'un ou plusieurs autres membres de leur famille,
directe ou collatérale (oncles, tantes, cousins) est également concerné
(et qu'il le vit en général plutôt bien !). Souvent, l'un des parents
accompagnant son enfant dans un stage est incertain oral. Même si,
parvenant à être assez fluide en la circonstance, il ne le dit pas
spontanément, nous le dépistons souvent assez vite : facile pour une oreille
compétente (celle d'un autre incertain oral !) à qui n'échappent pas les
expédients traditionnels tels que les tournures de phrases bizarres par
exemple. Autre origine souvent mentionnée par ceux qui ne connaissent
pas d'autres exemples dans leur famille : choc psychologique ou
accident avec traumatisme lors de
l'enfance, de l'adolescence et même plus tard.
Pourcentage de la population et répartition hommes
femmes
Aucune statistique fiable n'est possible à propos de
l'incertitude orale, non décelable en tant que telle par
les personnes de l'extérieur qui n'en perçoivent que
les manifestations caricaturales au gré des
circonstances. Ceux qui parviennent à ne pas bloquer
trop souvent ne seraient pas "dépistés" comme
"bègues", et, inversement, seraient classés
dans cette catégorie tous ceux à qui il arrive de
bredouiller assez nettement à l'oreille sans que cela
soit la conséquence d'anticipations de blocage. De
toutes manières se poserait le problème du recensement
: contrairement aux personnes atteintes de handicaps
structurels (cécité, paralysie, etc.) et possédant une
carte d'invalidité, on voit mal quel organisme pourrait
dénombrer les gens qui ne sont pas sûrs de pouvoir
toujours dire ce qu'ils veulent,
Les estimations du "nombre de bègues" donnés lors de
chaque émission sur le bégaiement (la presse aime bien donner des
chiffres) sont donc tout-à-fait arbitraires
pour désigner le nombre d'incertains oraux.
Quant à la répartition hommes femmes, le pourcentage féminin, stable
depuis l'origine de l'I.E.B, dans l'effectif de nos anciens stagiaires
est de 15 %. Mais cela ne prouve
absolument rien : peut-être les femmes ressentiraient-elles, pour toutes
sortes de raisons, moins le besoin de venir dans un stage, même si elles
sont autant concernées que les hommes.
Degré
Ceux qui parlent de degré sous-entendent l'intensité des manifestations
sonores, comme dans les bilans orthophoniques. Et l'on a vu amplement
que cela n'a pas de sens puisque quand il ne s'adresse à personne, même quelqu'un qu'on vient de
voir bloquer très caricaturalement, s'exprime comme tout le monde.
Les qualificatifs donnés couramment au terme bégaiement,
comme "léger", "fort", "accusé",
ou encore "tonique", "clonique", ou
"par inhibition" quand ils émanent de spécialistes
de troubles structurels de l'élocution qui veulent
en imposer, ne peuvent donc désigner que le caractère
plus ou moins spectaculaire d'une manifestation sonore
instantanée consécutive à une anticipation de blocage,
et en aucun cas le genre de problème dont serait
atteinte une personne donnée. Ils démontrent simplement
que leurs auteurs ignorent le concept de risque, qu'ils
n'ont jamais ressenti, et essaient de rendre compte des manifestations de ce qui n'est pour eux
qu'un défaut d'élocution.
Dès lors que le vrai problème est celui de
l'incertitude orale, il ne saurait y avoir de degrés
dans l'incertain. Tout est question de façon de
ressentir personnellement les circonstances génératrices
d'obligation.
En revanche, il n'est pas faux d'établir entre les
personnes concernées par l'incertitude orale une échelle
dans les habitudes de certains types de situations et
dans l'usage de moyens permettant de passer inaperçu. Par exemple, une personne qui utilise quotidiennement le téléphone
donnera l'impression qu'elle est plus à l'aise dans
cette circonstance, même si c'est en trichant, que celle
qui, par peur, ne le décroche jamais.
Mais le seul degré
méritant d'être considéré est celui de la façon dont
a été vécu le problème jusqu'à présent et donc de la
motivation consécutive pour venir apprendre le moyen de
ne plus y être soumis, totalement indépendante de ce qu'entendent les
gens quand l'incertain oral s'exprime.
Pourquoi ne "bégaie"-t-on pas en
chantant ?
Parce que quand on chante, on ne parle pas. C'est-à-dire qu'on
n'est pas impliqué dans une prise de parole qui
s'adresse à quelqu'un pour lui faire comprendre ou lui
demander quelque chose, mais on est transporté dans un rôle
festif et non chargé d'obligation, rôle
rappelé en permanence par la mélodie, la plupart du temps non composée
par l'incertain oral, pas plus que les paroles, mais n'étant qu'une
interprétation (de plus ou moins bonne qualité !) de morceaux connus,
facteur supplémentaire de non-implication. Il s'agit donc
d'une action entièrement différente de la prise de
parole usuelle, champ de l'incertitude orale. Même dans le cas d'un
auteur-compositeur, la mélodie suffit à ne pas être victime de
l'incertitude orale. L'usage
d'une langue étrangère ou d'un accent va également
dans ce sens, mais moins nettement et l'effet s'estompe dès
que l'on sort un peu du rôle que cela nous donne, ou
qu'on possède mieux la langue (excuse moins présente).
"Guérison"
"Je suis un ancien bègue", nous dit-on parfois. Tant mieux si quelqu'un a la chance
d'acquérir l'automatisme oral, mais nous n'y croyons pas beaucoup. Ceux qui se déclarent tels sont en principe des gens devenus capables de réduire
suffisamment le champ des circonstances défavorables et de masquer le plus souvent les
accrocs perceptibles. Il suffirait
peut-être qu'ils se retrouvent confrontés à une situation imprévue très
inconfortable (devoir faire du stop la nuit suite à un accident de voiture, par exemple) pour se souvenir du
fait qu'ils ne sont pas devenus "automatiques oraux", ignorant le risque de ne pas
pouvoir dire une syllabe d'un mot chargé
d'obligation.
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